
Fondations sur puits : choix, mise en œuvre et contraintes en milieu urbain
Comprendre les fondations sur puits : une solution technique à ne pas négliger
En milieu urbain dense, chaque mètre carré construit ou rénové est un défi, surtout lorsqu’il s’agit de reprendre ou d’implanter des fondations. Lorsque les fondations superficielles ne suffisent pas à cause de la nature du terrain ou des charges à reprendre, on se tourne bien souvent vers les fondations profondes. Parmi celles-ci, les fondations sur puits représentent une solution technique à la fois fiable et relativement économique… à condition d’être bien maîtrisée.
Cela fait plus de quinze ans que je travaille sur des chantiers de rénovation en ville, et croyez-moi : les fondations sur puits, je les ai vues dans toutes les configurations possibles. On les redécouvre parfois après avoir ouvert un plancher sur cave, ou on les met en œuvre pour renforcer un bâtiment ancien. Laissez-moi vous partager ce que vous devez savoir pour éviter les mauvaises surprises.
Qu’est-ce qu’une fondation sur puits ?
Les fondations sur puits consistent à creuser verticalement des puits, généralement de forme circulaire ou carrée, jusqu’à atteindre un sol porteur. Une semelle est alors coulée en fond de puits, puis on élève un massif en béton jusqu’au niveau de la fondation du bâtiment. Cette méthode est idéale quand les couches superficielles du terrain sont meubles ou instables.
En clair, c’est une fondation profonde… réalisée « à la main », ou presque. On l’utilise surtout dans trois cas :
- Pour reprendre les descentes de charges ponctuelles (poteaux porteurs, refends lourds) sur sol instable.
- En rénovation, pour renforcer ou stabiliser des fondations existantes.
- Lorsque l’accès aux engins de forage est impossible, comme souvent en cœur de ville.
Quel type de projet peut nécessiter cette solution en ville ?
Imaginez que vous rénoviez une maison de ville dont les fondations affleurent le niveau du sol, sur un terrain argileux. Ou encore, vous réalisez une extension dans une cour intérieure, inaccessible aux pelleteuses. Le puits devient alors un allié de taille : creusé manuellement ou à la tarière, il permet de travailler en finesse et en profondeur.
J’ai par exemple travaillé sur la rénovation d’un petit immeuble à Nantes : impossible d’y amener une foreuse. Nous avons réalisé dix puits manuels de 2 mètres de profondeur pour stabiliser les murs porteurs. Résultat ? Intervention rapide, peu invasive, et surtout, on a respecté les structures voisines… crucial en zone urbaine dense où le moindre mouvement de terrain peut faire des dégâts en chaîne.
Mise en œuvre étape par étape
Comme toujours, tout commence par une bonne étude de sol. On ne creuse pas à l’aveuglette, surtout quand les réseaux urbains sont dans les parages. À partir de là :
- Implantation des puits : selon les descentes de charges prévues, un bureau d’étude structure détermine l’emplacement et la profondeur des puits. On prévoit en général des diamètres de 50 à 80 cm.
- Creusement : soit manuellement (pelle, pioche, godet manuel), soit à la tarière légère. Attention aux conditions de sécurité ! Les puits dépassant 1,3 m doivent être étayés ou blindés.
- Nettoyage du fond : une étape souvent négligée, mais cruciale pour garantir l’ancrage de la semelle dans le sol dur.
- Ferraillage et coulage : on descend un ferraillage vertical et on coule le béton dans la foulée. En général, on travaille « puits par puits » pour garder le contrôle.
Les contraintes spécifiques au milieu urbain
Travailler en zone urbaine n’a rien à voir avec une construction en secteur rural. Il y a des contraintes spécifiques qu’il faut appréhender dès la phase de conception :
- L’accessibilité au chantier : escaliers étroits, immeubles mitoyens, absence de cour… Parfois, les déblais doivent être extraits à la brouette jusqu’à la rue. Cela demande une logistique bien huilée.
- La stabilité des mitoyens : creuser un puits à proximité directe d’un mur mitoyen ancien peut provoquer des tassements. Il faut souvent prévoir des plans de blindage, voire un suivi géotechnique.
- Les réseaux enterrés : en ville, les fourreaux électriques, les canalisations, les gaines techniques… c’est un vrai labyrinthe sous nos pieds ! La détection préalable est incontournable.
- Le niveau de bruit et la poussière : le forage manuel limite les nuisances, mais le coulage et les livraisons de béton en centre-ville restent des opérations sensibles.
Lorsque nous avons renforcé les fondations d’un immeuble en pierre à Bordeaux, le plus grand défi a été d’obtenir une autorisation pour installer une pompe à béton dans la rue pendant 48 heures. Le service voirie avait imposé des horaires réduits, il a donc fallu tout coordonner au quart d’heure près.
Quels matériaux utiliser ?
Le béton coulé au fond du puits doit avoir une consistance parfaite pour bien s’ancrer dans le sol et englober les aciers. Un béton de classe C25/30 est souvent recommandé. En milieu urbain, il sera livré par toupie et pompé jusqu’au fond.
Pour l’armature, des cages préfabriquées peuvent être utilisées et descendues dans le puits. En cas de puits peu profonds (moins de 1,5 m), un ferraillage sur site est parfois possible, à condition d’avoir un délai réduit entre la mise en place et le bétonnage.
Quels sont les avantages (et les limites) de ce type de fondation ?
À chaque projet son approche. Mais globalement, les fondations sur puits cochent plusieurs cases importantes :
- Adaptabilité au terrain : elles permettent de « passer sous » les couches molles ou inertes pour s’ancrer dans un sol sain.
- Travail précis : possible à petite échelle, sans gros engins, donc parfait en rénovation.
- Moins d’impact sur les structures voisines : en particulier si le creusement est manuel.
Cependant, elles ne sont pas sans limites :
- Temps d’exécution : la méthode est plus lente qu’un forage mécanique.
- Coût de la main-d’œuvre : en creusement manuel, c’est un poste à ne pas sous-estimer.
- Risque de tassement différentiel : si les puits sont mal disposés ou si le sol n’a pas été correctement sondé.
Dans un chantier parisien à Montreuil, nous avons dû reprendre deux puits après constat d’un affaissement partiel dû à une nappe phréatique mal identifiée. Moralité : une étude de sol de qualité, c’est votre meilleure assurance chantier.
Et côté réglementation ?
Les fondations sur puits ne sont pas une option improvisée. Elles doivent respecter le DTU 13.1 relatif aux fondations profondes et les règles de l’Eurocode 7 pour les justifications géotechniques. Une étude géotechnique G2 AVP (au minimum) est nécessaire.
N’oublions pas les règles d’urbanisme locales (PLU, PPRI, secteur protégé…) qui peuvent imposer des contraintes sur les travaux en sous-sol. Si vous travaillez dans un bâtiment classé ou en secteur sauvegardé, un architecte des Bâtiments de France doit être consulté.
Est-ce toujours la bonne solution ?
Pas forcément. Pour des bâtiments très lourds ou en grande hauteur, on privilégiera les micropieux ou pieux forés. Mais en milieu urbain, pour des extensions, des reprises ponctuelles, ou le renforcement de structures anciennes, les puits restent une solution simple, robuste et économique, à condition d’être bien dimensionnés.
Avant de choisir ce type de fondation, posez-vous les bonnes questions : Quel est l’état du sol ? Quelle est la profondeur du bon terrain ? Ai-je assez de place pour évacuer les déblais ? Quelle est la proximité des voisins ? Suis-je prêt à gérer un chantier plus “artisanal” ?
Et surtout, entourez-vous des bons partenaires : un maître d’œuvre expérimenté, une entreprise qualifiée en fondations spéciales, et un bureau d’étude structure qui ne fait pas les choses à moitié. En rénovation, l’intuition ne suffit pas. C’est la rigueur qui fait la différence.
Vous avez déjà touché à ce type de fondations en zone tendue ou en site urbain contraint ? Partagez votre expérience en commentaire ! Et si vous hésitez sur la technique à adopter, n’hésitez pas à faire appel à un professionnel : un bon diagnostic, c’est 80 % du travail bien fait.
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